Fatwa n° 141

Catégorie : Fatwas relatives à la prière – Les mosquées

Concernant la prière accomplie dans une mosquée construite dans une propriété prise de force de son propriétaire

Question :
Est-il valide de prier dans une mosquée construite sur un terrain arbitrairement exproprié, sans égard pour son propriétaire, sachant qu’un groupe de fidèles ont dédommagé cet homme en lui donnant un autre terrain et une somme d’argent, chose qu’il refuse catégoriquement, et s’entête à récupérer son terrain ? Qu’Allâh vous récompense abondamment.

 

Réponse :

La Louange est à Allâh, Seigneur des mondes. Prière et salut sur celui qu’Allâh a envoyé en miséricorde pour l’univers, ainsi que sur sa famille, ses compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution. Cela dit :

Force est de savoir que le propriétaire jouit d’une autorité sur son bien. Il a le droit d’en profiter et de le gérer dans les limites autorisées par la religion. Car, les fondements de la charia protège et défend la propriété privée contre toute forme de transgression. Cela va de soi [dans l’islam]. Il est aussi clair que la préservation des biens fait partie des cinq nécessités. Or, lorsque la préservation [de la propriété] s’oppose à l’intérêt commun, il devient permis de l’exproprier pour une utilité publique. Cette procédure est attestée par la Sounna, la pratique des Compagnons et de leurs successeurs – qu’Allâh les agrée tous –.

Dans ce cas, il n’est pas obligatoire d’avoir l’agrément du propriétaire. Il s’agit plutôt d’un contrat coercitif imposé par l’État et ses représentants dans ce domaine. La conclusion de ce contrat se fait sur la base de la nécessité ou de l’intérêt commun, à l’instar d’une extension de la mosquée ou du cimetière, ou d’un terrain propice à la construction d’une mosquée, d’une route, d’un pont, etc. Cette expropriation doit être suivie d’un dédommagement immédiat et équitable, qu’elle ne soit pas forcée prématurément, et que la propriété expropriée ne soit pas destinée à un usage d’investissement public ou privé. Si toutes ces conditions sont respectées, il devient permis de procéder à l’expropriation de cette propriété pour un usage d’utilité publique. Dans le cas où certaines de ces conditions, voire toutes, font défaut, cette expropriation se transforme en injustice, en transgression, en violation interdites par la religion.

Cette expropriation est devenue plutôt permise à travers la mise en œuvre des règles religieuses générales qui préservent les intérêts, réduisant le besoin de la communauté au statut de la nécessité. Car si l’on affronte deux préjudices – alors que l’un est plus nuisible que l’autre – on évite de commettre le pire par la perpétration du moins pire.

Malgré les différentes formulations de ces règles, leur contenu reste le même :

       La règle : Subir le préjudice personnel pour réparer le préjudice collectif.

       La règle : Si deux préjudices se rencontrent, on commet le moins pire pour éviter le plus nuisible.

       La règle : Le préjudice le plus grave est réparé par le préjudice le moins grave.

       La règle : On choisit le préjudice ou le mal le moins grave.

       La règle : On répare le préjudice collectif par la perpétration du préjudice personnel.

Il y a encore d’autres règles qui recèlent le même sens. 

En effet, s’il est bien établi qu’il est permis d’exproprier une propriété de son maître au profit d’un intérêt public, la parole d’une personne étrangère est au second plan. Elle ne peut pas se réserver le droit à disposer de cette propriété qu’elle ne possède pas, ou d’en tirer un quelconque bénéfice. Même si elle a occupé ce terrain pour ensuite l’acquérir, il est permis de le lui exproprier vu l’intérêt général qui en découle, en se conformant aux conditions requises et aux prescriptions religieuses expliquées plus haut.

Sur ce, prier [dans une mosquée construire] sur un terrain exproprié pour une utilité publique, en se conformant aux conditions requises est permis sans aucune détestation. L’utilité publique prédomine celle au caractère privé, tel que mentionné précédemment.

Cela étant dit, la science parfaite est auprès d’Allâh. Et notre dernière invocation est : « Louange à Allâh, le Seigneur des mondes ». Et qu’Allâh prie sur notre Prophète Mouhammad, sur sa famille, ses compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution, et qu’Il les salue.

 

Alger, le 17 de Dhoû-L-Hidjdja 1422 H,
correspondant au 10 mars 2002 G.

 

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