Fatwa n° 1080

Catégorie : Fatwas relatives à la Famille – Le divorce

Concernant la période d’attente
de la femme divorcée à la troisième fois

Question :

Une femme a été divorcée par son époux en trois fois. Comptera-t-elle sa période d’attente à la troisième prononciation du divorce en trois périodes de menstrues, ou s’exemptera-t-elle par une seule période de menstrues ? Et qu’Allâh vous récompense par la meilleure manière.

 

Réponse :

La Louange est à Allâh, le Seigneur des mondes. Et que la prière et le salut soient sur celui qu’Allâh a envoyé en miséricorde pour l’univers, ainsi que sur sa famille, ses compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution.

Cela dit, la femme divorcée comptera à la troisième prononciation du divorce par trois menstrues, comme son état à la première prononciation du divorce et à la deuxième sans différence. Cela vu Sa Parole qu’Il soit Très-Haut :

﴿وَالْمُطَلَّقَاتُ يَتَرَبَّصْنَ بِأَنْفُسِهِنَّ ثَلاَثَةَ قُرُوءٍ [البقرة: 228]

Sens du verset :

Et les femmes divorcées doivent observer un délai d’attente de trois menstrues﴿ [Al-Baqara (la Vache), v. 228]. Car l’apparence du verset est générale pour celle qui est divorcée en trois fois et celle qui est divorcée en moins de trois fois, du fait qu’il n’y a pas un facteur spécificateur légal qui oblige qu’elle s’exempte avec une seule période de menstrues.

Le verset est également général concernant toute divorcée, sauf ce que le Noble Coran a spécifié telle que celle qui n’espère plus avoir des menstrues, et la petite en comptant les mois, et la femme enceinte en comptant son accouchement, vu Sa Parole :

﴿وَاللاَّئِي يَئِسْنَ مِنَ الْمَحِيضِ مِنْ نِسَائِكُمْ إِنِ ارْتَبْتُمْ فَعِدَّتُهُنَّ ثَلاَثَةُ أَشْهُرٍ وَاللاَّئِي لَمْ يَحِضْنَ وَأُولاَتُ الأَحْمَالِ أَجَلُهُنَّ أَنْ يَضَعْنَ حَمْلَهُنَّ [الطّلاق: 4].

Sens du verset :

Si vous avez des doutes à propos (de la période d’attente) de vos femmes qui n’espèrent plus avoir des règles, leur délai est de trois mois. De même pour celles qui n’ont pas encore de règles. Et quant à celles qui sont enceintes, leur période d’attente se terminera à leur accouchement. ﴿ [s. At-Talâq (le Divorce) : v. 4]

Et il a été spécifié (de ces catégories) celle dont le mariage n’est pas consommé, conformément à Sa Parole Très-Haut soit-Il :

﴿فَمَا لَكُمْ عَلَيْهِنَّ مِنْ عِدَّةٍ تَعْتَدُّونَهَا﴾ [الأحزاب: 49]

Sens du verset :

Vous ne pouvez leur imposer un délai d’attente﴿ [s. Al-Ahzâb (les Coalisés) : v. 49], comme il a été également spécifié l’esclave (femme) à l’unanimité [des savants], ainsi sa période d’attente est de deux menstrues(1). Et le fait que la divorcée par trois fois compte la période d’attente par trois menstrues, ceci est le dire de l’ensemble des fouqahâ’ (juristes) appartenant aux différentes obédiences. Et Al-Djassâs a rapporté qu’il n’y a pas de divergence en cela(2), et ceci est [le jugement] authentique et prépondérant, en tenant compte de leur divergence concernant le sens du terme el Qour’ : menstrues(3).

Quant au dire qu’elle s’exempte par une seule période de menstrues, cela est le choix d’ibn Taymiyya -qu’Allâh lui fasse miséricorde-. Il a édifié son fondement en argumentant que le délai d’attente équivaut au droit de retour (que la femme retourne à son époux), cela en se servant de l’induction [Al-Istiqrâ’] ; car il a dit après avoir cité le hadith de Fâtima bint Qays رضي الله عنها : « … et le hadith- et s’il n’y a pas dans son propos d’observer trois périodes d’attente- c’est cela qui est connu chez les savants dont leur dire nous est parvenu. Et si cela est une unanimité, dans ce cas c’est cela la vérité ; et la communauté ne se regroupe pas autour d’un égarement. Et s’il y a parmi les savants qui ont dit : la femme divorcée par trois fois doit s’exempter et non pas observer un délai de trois menstrues. Ce dire est fort, en comptant la longueur en équivalence avec le droit de retour, et c’est cela la cause de l’avoir fixé à trois période de menstrues. Car, la femme qui ne retourne pas chez son époux n’attend pas trois périodes de règles. Et il n’y a dans l’apparence du Coran que ce qui s’accorde avec ce dire et ne l’oppose pas. De même, il n’y a dans son apparence que ce qui correspond au dire connu [chez les savants] et ne l’oppose pas. Ainsi, quand la sounna tranche pour l’un des deux dires, cela est une vérité et s’accorde avec l’apparence du Coran, et le dire connu auprès des savants est le premier. »(4)

Et il ne [nous] échappe pas que l’argumentation rationnelle par laquelle Ibn Taymiyya رحمه الله a fortifié l’exemption [Al-Istibrâ’] sur l’observation de trois périodes de règles est opposant à l’apparence du verset. Cela en premier lieu. Et en deuxième lieu, le fondement de la cause de la période d’attente par rapport au retour est annulable par la période d’attente de la femme dont l’époux est mort.

Cela parce que cette dernière observe un délai d’attente alors qu’elle n’a aucun retour (à son mari), cela vu Sa Parole –Très-Haut soit-Il-

﴿وَالَّذِينَ يُتَوَفَّوْنَ مِنْكُمْ وَيَذَرُونَ أَزْوَاجًا يَتَرَبَّصْنَ بِأَنْفُسِهِنَّ أَرْبَعَةَ أَشْهُرٍ وَعَشْرًا [البقرة: 234]

Sens du verset :

Ceux des vôtre que la mort frappe et qui laissent des épouses : celles-ci doivent observer une période d’attente de quatre mois et dix jours[s. Al-Baqara (la Vache), v. 234] C’est pour cela qu’il est plus correct de considérer la période d’attente par rapport au divorce et au décès, car elle correspond au jugement ; cela d’un coté. Et d’un autre coté, (cela est plus correct) au vu de la réalisation de la cause et de l’effet, autant qu’en existence et en inexistence. De ce fait, quand il y a divorce ou décès, il y a la période d’attente [Al-‘Idda], telle une charge légale et inévitable en comptant trois périodes d’attente ou quatre mois et dix jours. Et quand il n’y a pas de divorce ou de décès, il n’y aura pas de période d’attente et son implication n’existera pas.

Cela étant dit, la science parfaite est auprès d’Allâh qu’Il soit Très-Haut. Et notre dernière invocation est : « Louange à Allâh, le Seigneur des mondes ». Et qu’Allâh prie sur notre Prophète Mouhammad, sur sa famille, ses compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution, et qu’Il les salue.

 

Alger, le 19 de Dhou-L-Hidjdja 1431 H,

correspondant au 24 novembre 2010 G.

 


(1) Cf. : Ahkâm Al-Qour’ân d’Ibn Al-‘Arabî (1/185).

(2) Cf. : Ahkâm Al-Qour’ân d’Al-Djassâs (2/67), et Ibn Al-Djawzî a dit : « Et les femmes divorcées doivent observer un délai d’attente de trois menstruesAl-Baqara (la Vache), v. 228, est général concernant la femme qui est divorcée définitivement et celle qui peut revenir à son époux. Et Sa Parole Très-Haut soit-Il Et leurs époux seront plus en droit de les reprendre est spécifique pour celles qui peuvent retourner à leurs maris. » [Cf. : Zâd Al-Maşîr d’Ibn Al-Djawzî (1/160)]

(3) Voir la divergence concernant le sens du terme Qor’ dans Bidâyat Al-Moudjtahid d’Ibn Rochd (2/89), Rou’oûs Al-Maşâ’il Al-Khilâfiyya d’Al-‘Akbariyy (4/334), Takmilate Al-Madjmoû‘ (18/133), et Al-Moughnî d’Ibn Qoudâma (7/352).

(4) Madjmoû‘ Al-Fatâwâ d’Ibn Taymiyya (32/342).

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