Fatwa numéro : 32
Type : Fatwas relatives au Manhadj (la voie)
Le jugement concernant les chants islamiques et le fait de les utiliser dans la prédication
La question :
Quel est le jugement concernant les chants islamiques ? Et est-ce qu’il est permis de les utiliser comme moyen dans la prédication ?
La réponse :
Louange à Allah, Maître des Mondes; et paix et salut sur celui qu’Allahعزّ وجلّ a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de
Premièrement, il est important de souligner que le fait d’attribuer le qualificatif islamique ou religieux aux chants qui contiennent des poèmes ou des vers composés en Radjaz(1) est une chose qui n’était connue ni par les gens des trois siècles préférés, ni par ceux qui leur ont succédé. Cependant, ces gens-là distinguaient le bon poème du mauvais, le louable du blâmable et ce qui est détestable de ce qui est autorisé.
En effet, il n’y a ni empêchement ni interdiction par rapport aux chants qui sont formés de poèmes ou de vers composés en Radjaz que l’on chante d’une voix mélodieuse pour manifester la joie ou pour parcourir les longs trajets de voyage ou pour se distraire, et qui contiennent des exhortations et des maximes sans qu’ils soient accompagnés de musique et d’instruments musicaux, excepté Ed-Douf(2) dans le jour de l’Aïd et dans les fêtes de mariage, et qui sont dépourvus de toute obscénité et indécence excitant le désire et poussant à commettre la fornication, et qui sont aussi dépourvus de toute description des attraits de la femme ou du vin et de l’encouragement à le boire, et dont les poèmes ne contiennent aucune association des autres divinités à Allah عزّ وجلّet aucun mensonge au sujet d’Allah عزّ وجلّ, de Son Messager صلّى الله عليه وسلّم et de ses Compagnons رضي الله عنهم.
Cependant, il n’est pas recommandé, voire méprisable d’en faire un usage abusif ; car toute chose permise n’est pas permise d’une façon absolue ; notamment si ces chants détournent les gens qui les écoutent de la lecture du Coran, de l’acquisition du savoir bénéfique et de la prédication au sentier d’Allah le tout Suprême.
Effectivement, le Prophète صلّى الله عليه وسلّم a approuvé l’usage du poème, des vers composés en Radjaz et d’El-Houdâ'. À ce sujet, El-Boukhâri a consacré un chapitre et l’a intitulé : « Chapitre concernant ce qui est permis et ce qui est détesté des poèmes, des vers composés en Radjaz et d’El-Houdâ' »(3). Il est authentiquement rapporté qu’El-Barâ' Ibn Mâlik رضي الله عنه distrayait les hommes en chantant pour eux, et Andjacha رضي الله عنه distrayait les femmes en chantant pour elles ; ce dernier avait une très belle voix, alors une fois le Prophète صلّى الله عليه وسلّم lui a dit : « Ô Andjacha, fais attention en menant les femmes »(4). Généralement, El-Houdâ' se fait par des vers composés en Radjaz, ou par d’autres mètres prosodiques. El-Houdâ' est une sorte de chant, pareil au chant des voyageurs ou le chant d’épuisement. En outre, Ibn `Abd El-Bar a rapporté que toutes les formes de chant susmentionnées sont permises sans qu’il y ait une divergence d’opinions entre les Ulémas à leur sujet, mais à condition que le poème dont les chants sont composés ne contienne pas des propos vulgaires et indécents.
Pour ce qui est des chants que l’on qualifie d’islamiques qui se font en chantant des poèmes avec des tons mélodieux pour provoquer de la réjouissance dans les cercles d’invocations ou autres, et qui peuvent être accompagnés d’instruments de musique tels qu’Ed-Douf, le tambour, les bâtons et autres; tout cela ressemble au Taghbîr qui fut condamné par Ech-Châfi`i, par Ahmed et par les anciens Ulémas. Il est authentiquement rapporté qu’Ech-Châfi`i a dit : « J’ai laissé en Iraq une chose qu’on appelle Et-Taghbîr, inventé par les apostats pour occuper les gens et les détourner du Coran ». Il est aussi authentiquement rapporté qu’Ahmed a dit à propos de ce sujet : « C’est une hérésie innovée ».
Du reste, il suffit que les quatre grandes Écoles(5) sont unanimes à ce que les instruments de musique sont absolument interdits sauf ce qui est excepté à l’appui d’une preuve, à savoir l’utilisation d’Ed-Douf dans les fêtes de mariage et dans les deux Aïds. En effet, plusieurs textes mentionnés dans le Coran et dans la tradition prophétique désapprouvent et interdisent l’usage des instruments de musique (6). Parmi ces textes, nous citons le hadith du Prophète صلّى الله عليه وسلّم: « Deux sons sont maudits : le son d’une flûte lorsqu’on est dans l’aisance et le son d’une lamentation lors d’une calamité »(7) ainsi que le hadith dans lequel le Prophète صلّى الله عليه وسلّم a dit : « Il y aura dans ma communauté des gens qui s’autoriseront la fornication, le port de vêtements en soie, la consommation du vin et l’usage des instruments de musique »(8) et plein d’autres preuves dans
Par ailleurs, il n’est une personne raisonnable qui ignore que l’usage des chansons et de l’amusement comme un moyen de prédication n’est pas permis dans
﴿ثُمَّ جَعَلْنَاكَ عَلَى شَرِيعَةٍ مِّنَ الْأَمْرِ فَاتَّبِعْهَا وَلَا تَتَّبِعْ أَهْوَاء الَّذِينَ لَا يَعْلَمُونَ﴾ [الجاثية : 18].
Traduction du sens du verset :
﴾Puis Nous t’avons mis sur la voie de l’Ordre [une religion claire et parfaite]. Suis-la donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas﴿ [El-Djâthia (L’Agenouillée) : 18].
De plus, le Prophète صلّى الله عليه وسلّم dit : « Quiconque accomplit un acte [religieux] que nous n’avons pas ordonné le verra rejeté »(9).
En conséquence, les moyens qu’on emploie dans la prédication doivent être en accord avec les textes de
Le savoir parfait appartient à Allah عزّ وجلّ, et notre dernière invocation est qu’Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que paix et salut soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de
Alger, le 1 Safar 1427 H
Correspondant au 1 mars