Comment se faire expier les péchés ? | Le site officiel du Cheikh Mohamed Ali FERKOUS
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Vendredi 10 Chawwâl 1445 H - 19 avril 2024 G

Article mensuel n° 11

Comment se faire expier les péchés ?

Louange à Allâh, Maître des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’Allâh a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Cela dit :

Le bonheur du croyant, ici-bas et dans l’au-delà, tient à l’éducation et à la purification de sa propre personne, car la purification de cette dernière est le fruit de la [bonne] foi et des œuvres pieuses.

Cependant, son malheur sera dû à la corruption et à la malveillance de sa personne, qui sont la conséquence de l’incroyance et des péchés. Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿قَدْ أَفْلَحَ مَنْ زَكَّاهَا. وَقَدْ خَابَ مَنْ دَسَّاهَا﴾ [الشمس: 9-10].

Sens du verset :

A réussi, certes, celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt﴿ [s. Ach-Chams (le Soleil) : v. 9-10]

Pour cela, le croyant doit inciter sa personne à adhérer aux moralités purificatrices qui la dégagent de sa malveil­lance et de ses impuretés. Il doit, également, lui éviter tous les propos, les actes et les croyances qui la corrompent ; ces péchés auxquels les fils d’Adam, faillibles de nature, ne peuvent échapper. Et s’ils aspirent à ne jamais commettre de péchés, ils demanderaient alors ce qui ne leur appartient pas, car l’infaillibilité n’est accordée qu’aux prophètes. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit : « Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, si vous ne péchiez pas, Allâh vous aurait fait périr et aurait créé des gens qui pécheront, et qui solliciteront le pardon, et Allâh leur pardonnera. »(1)

Par ailleurs, la noble Charia a montré les moyens à suivre pour se faire expier les péchés, afin de réformer la personne et de la purifier, et afin qu’elle mérite aussi la dignité et la satisfaction d’Allâh. Ces moyens d’expiation sont au nombre de quatre :

I- Le repentir :

Le repentir s’attache à la pieuse personne tout au long de sa vie ; elle ne le quitte qu’à la mort.

En effet, le repentir consiste dans le fait de regretter les péchés commis, de les abandonner immédiatement, de se résoudre à ne plus les commettre dans le futur et de se dégager des droits d’autrui.

De plus, le repentir est un devoir permanent qui incombe à chaque musulman, chacun selon sa capacité. Il est obligatoire de le faire dans l’immédiat et ne doit pas être retardé, que le péché soit mineur ou majeur, car il est le signe et le chemin du succès. Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿وَتُوبُوا إِلَى اللهِ جَمِيعًا أَيُّهَ الْمُؤْمِنُونَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ﴾ [النور: 31].

Sens du verset :

Et repentez-vous tous devant Allâh, ô croyants, dans l’espoir que vous récoltiez le succès﴿ [s. An-Noûr (la Lumière) : v. 31]

Allâh عزّ وجلّ a relié [dans ce verset] le succès au repentir ; une relation de cause à effet ; ensuite, Il a utilisé le mot « La‘alla » (dans l’espoir que) qui indique [en arabe] l’espé­rance. Le sens du verset, donc, est que seuls les pénitents en attendent le succès. En fait, c’est le repentir sincère qui met un terme au péché et efface son effet ; Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا تُوبُوا إِلَى اللهِ تَوْبَةً نَصُوحًا عَسَى رَبُّكُمْ أَنْ يُكَفِّرَ عَنْكُمْ سَيِّئَاتِكُمْ وَيُدْخِلَكُمْ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهَا الأَنْهَارُ﴾ [التحريم: 8].

Sens du verset :

Ô vous qui avez cru ! Repentez-vous à Allâh d’un repentir sincère. Il se peut que votre Seigneur vous efface vos fautes et qu’Il vous fasse entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux ﴿ [s. At-Tahrîm (l’Interdiction) : v. 8]. Celui-là est, certes, le repentir accepté, dans lequel la personne craint qu’il ne soit pas agréé et espère, tout de même, qu’il le soit, tout en faisant beaucoup d’œuvres pieuses(2).

II- L’imploration du pardon d’Allâh عزّ وجلّ :

C’est demander le pardon par le cœur, la langue et les organes. Il consiste aussi en la résolution ferme à délaisser ce qui suscite le courroux d’Allâh, et à faire ce qu’Il aime.

Ceci dit, le pardon est mentionné en opposition au châtiment ; car le châtiment est dû aux péchés, et le pardon d’Allâh empêche Son châtiment de s’abattre sur les gens. Ce dernier ne peut se produire qu’en ayant une résolution valable, en s’en remettant à Allâh عزّ وجلّ et en délaissant les péchés. Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿أُولَئِكَ الَّذِينَ اشْتَرَوُا الضَّلاَلَةَ بِالْهُدَى وَالْعَذَابَ بِالْمَغْفِرَةِ فَمَا أَصْبَرَهُمْ عَلَى النَّارِ﴾ [البقرة: 175].

Sens du verset :

Ceux-là ont échangé la bonne direction contre l’éga­rement et le pardon contre le châtiment. Qu’est-ce qui leur fera supporter le Feu ?﴿ [s. Al-Baqara (la Vache) : v. 175]

Et si le repentir est plus significatif en ce qui concerne le renoncement de la personne à la désobéissance à Allâh et son application à Lui obéir et à répondre à Ses ordres, le fait d’implorer le pardon d’Allâh est plus significatif en ce qui concerne la reconnaissance des péchés, le regret de les avoir commis et le vœu de voir leurs effets effacés. Pour cela, il est souvent relié entre la demande du pardon et le repentir ; Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿أَفَلاَ يَتُوبُونَ إِلَى اللهِ وَيَسْتَغْفِرُونَهُ﴾ [المائدة: 74].

Sens du verset :

Ne vont-ils donc pas se repentir à Allâh et implorer Son pardon ?﴿ [s. Al-Mâ’ida (la Table Servie) : v. 74]

Allâh عزّ وجلّ dit aussi :

﴿وَأَنِ اسْتَغْفِرُوا رَبَّكُمْ ثُمَّ تُوبُوا إِلَيْهِ يُمَتِّعْكُمْ مَتَاعًا حَسَنًا إِلَى أَجَلٍ مُسَمًّى﴾ [هود: 3].

Sens du verset :

Demandez pardon à votre Seigneur ; ensuite, revenez à Lui. Il vous accordera une belle jouissance jusqu’à un terme fixé﴿ [s. Hoûd : v. 3]

Cependant, même si les péchés sont pardonnables, le Chirk (polythéisme) en fait exception, car Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿إِنَّ اللهَ لاَ يَغْفِرُ أَنْ يُشْرَكَ بِهِ وَيَغْفِرُ مَا دُونَ ذَلِكَ لِمَنْ يَشَاءُ﴾ [النساء: 48].

Sens du verset :

Certes Allâh ne pardonne pas qu’on Lui donne quelque associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut﴿ [s. An-Nişâ’ (les Femmes) : v. 48]

C’est pour cette raison que le Tawhîd (monothéisme) est l’essence du pardon et sa cause majeure. Ainsi, celui qui perd le Tawhîd ne méritera pas le pardon, et celui qui accomplit un Tawhîd pur, même en ayant rempli la terre de péchés, Allâh lui donnera de quoi la remplir autant de pardons, quoique la personne est remise à la volonté et à la grâce d’Allâh. S’Il le veut, Il lui pardonnera ; si non, Il la punira à cause de ses péchés. A cet effet, il est rapporté qu’Anas Ibn Mâlik رضي الله عنه a dit : « J’ai entendu le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dire : “ Allâh le Très Haut dit : Ô fils d’Adam, tant que tu M’invoques et mets ton espoir en Moi, Je te pardonnerai les péchés dont tu te seras chargé, sans Me soucier de leur grand nombre. Ô fils d’Adam, si tes péchés atteignent toute l’étendue visible du ciel, et qu’alors tu implores Mon pardon, Je te pardonnerai. Ô fils d’Adam, si tu viens à Moi, en ayant rempli la terre de tes péchés et qu’alors tu Me rencontres cependant que tu n’associes personne d’autre à Moi, Je te donnerai de quoi la remplir autant de pardons.  »(3)

Ainsi, les péchés se réduisent devant la lumière du Tawhîd voué à Allâh عزّ وجلّ ; et la demeure du pécheur parmi les gens qui vouent le Tawhîd à Allâh عزّ وجلّ sera le paradis. Il ne va pas s’éterniser en enfer ; il n’y sera pas jeté et n’y restera pas comme les mécréants, qui y seront jetés et y demeureront [éternellement]. Donc, les péchés commis par celui qui voue un Tawhîd pur à Allâh, sollicite Son pardon, se repent et réunit les conditions du Tawhîd seront certai­nement expiés et il sera prémuni complètement de l’enfer. Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿قُلْ يَا عِبَادِيَ الَّذِينَ أَسْرَفُوا عَلَى أَنْفُسِهِمْ لاَ تَقْنَطُوا مِنْ رَحْمَةِ اللهِ إِنَّ اللهَ يَغْفِرُ الذُّنُوبَ جَمِيعًا إِنَّهُ هُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ﴾ [الزمر: 53].

Sens du verset :

Dis : “ Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allâh. Car Allâh pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux ﴿ [s. Az-Zoumar (les Groupes) : v. 53]

Le pardon absolu des péchés, accordé par Allâh عزّ وجلّ comprend l’effacement de leurs effets et la protection contre leurs maux.

Ceci dit, parmi les fruits de l’imploration du pardon : l’apaisement et l’épanouissement du cœur, la dissipation des soucis et des chagrins et l’espérance en la miséricorde et en la satisfaction d’Allâh عزّ وجلّ.

Parmi aussi les corollaires de l’imploration du pardon : le fait de s’appliquer à le faire constamment, l’émergence, en âme, des valeurs du pardon, d’indulgence et de bonnes moralités.

III- L’abondance de bonnes œuvres :

La raison en est que les péchés sont expiés grâce aux bonnes œuvres, car Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿وَأَقِمِ الصَّلاَةَ طَرَفَيِ النَّهَارِ وَزُلَفًا مِنَ اللَّيْلِ إِنَّ الْحَسَنَاتِ يُذْهِبْنَ السَّيِّئَاتِ ذَلِكَ ذِكْرَى لِلذَّاكِرِينَ﴾ [هود: 114].

Sens du verset :

Et accomplis la prière aux deux extrémités du jour et à certaines heures de la nuit. Les bonnes œuvres dissipent les mauvaises. Cela est une exhortation pour ceux qui réfléchissent﴿ [s. Hoûd : v. 114]

Allâh عزّ وجلّ dit aussi :

﴿وَالَّذِينَ لاَ يَدْعُونَ مَعَ اللهِ إِلَهًا آخَرَ وَلاَ يَقْتُلُونَ النَّفْسَ الَّتِي حَرَّمَ اللهُ إِلاَّ بِالْحَقِّ وَلاَ يَزْنُونَ وَمَنْ يَفْعَلْ ذَلِكَ يَلْقَ أَثَامًا. يُضَاعَفْ لَهُ الْعَذَابُ يَوْمَ الْقِيَامَةِ وَيَخْلُدْ فِيهِ مُهَانًا. إِلاَّ مَنْ تَابَ وَآمَنَ وَعَمِلَ عَمَلاً صَالِحًا فَأُولَئِكَ يُبَدِّلُ اللهُ سَيِّئَاتِهِمْ حَسَنَاتٍ وَكَانَ اللهُ غَفُورًا رَحِيمًا﴾ [الفرقان: 68-70].

Sens du verset :

Qui n’invoquent pas d’autre dieu avec Allâh et ne tuent pas la vie qu’Allâh a rendue sacrée, sauf à bon droit, qui ne commettent pas de fornication car qui­conque fait cela encourra une punition. Et le châtiment lui sera doublé, au Jour de la Résurrection, et il y demeu­rera éternellement couvert d’ignominie ; sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre ; ceux-là Allâh changera leurs mauvaises actions en bonnes, et Allâh est Pardonneur et Miséricordieux﴿ [s. Al-Fourqâne (le Discernement) : v. 68-70]

Donc, les bonnes œuvres expient beaucoup de péchés ; cela est confirmé par la Parole d’Allâh عزّ وجلّ :

﴿وَمَنْ يَأْتِهِ مُؤْمِنًا قَدْ عَمِلَ الصَّالِحَاتِ فَأُولَئِكَ لَهُمُ الدَّرَجَاتُ الْعُلَى. جَنَّاتُ عَدْنٍ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهَا الأَنْهَارُ خَالِدِينَ فِيهَا وَذَلِكَ جَزَاءُ مَنْ تَزَكَّى﴾ [طه: 75-76].

Sens du verset :

Et quiconque vient auprès de Lui en croyant, après avoir fait de bonnes œuvres, voilà donc ceux qui auront les plus hauts rangs, les jardins du séjour [éternel], sous lesquels coulent les ruisseaux, où ils demeureront éter­nellement. Et voilà la récompense de ceux qui se purifient [de la mécréance et des péchés]﴿ [s. Tâ-Hâ : v. 75-76]

Il ressort de ces versets que les bonnes œuvres effacent tous les péchés, qu’ils soient mineurs ou majeurs. Mais le péché majeur requiert une bonne action équivalente pour son absolution ; tel que le Chirk qui ne peut être expié que par le repentir et la reconversion à l’Islam, car l’Islam efface les péchés commis avant.

Par conséquent, accomplir les œuvres pieuses est une chose très recommandée, car cela permet d’expier les mau­vaises actions ; à condition que la personne ne compte pas sur elles, et ce, afin de ne pas pécher ou de peur de porter injustice à autrui ; car le péché détruit la bonne action ou diminue sa récompense, et la personne, alors, n’en tira pas avantage et ne sera pas élevée aux degrés supérieurs. En effet, il est rapporté dans le Sahîh [de Mouslim], par l’inter­médiaire d’Aboû Hourayra رضي الله عنه, que le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit : « Savez-vous qui fait faillite ? » Ils dirent : « Nous consi­dérons comme failli parmi nous celui qui perd son argent et ses biens ». Il صلَّى الله عليه وسلَّم dit : « Le failli de ma communauté est celui qui viendra le Jour de la Résurrection ayant fait la prière, observé le jeûne et payé la zakat. Il vient après avoir insulté celui-ci, accusé celui-là de dévergondage, consommé l’argent de tel autre, répandu le sang de celui-là, et frappé tel autre. On répartira ses bonnes actions entre ses victimes et, si elles ne suffisent pas à le racheter auprès d’elles, on prendra de leurs péchés, on les jettera sur lui et il sera ensuite jeté en enfer. »(4)

Ce hadith indique clairement que les bonnes œuvres effacent et annulent les mauvaises actions, qu’elles soient majeures ou mineures. Cela d’une part. D’autre part, les mau­vaises actions réduisent et anéantissent les bonnes œuvres jusqu’à ce que la personne épuise ses bonnes œuvres ; puis, elle (cette personne) sera punie pour ses péchés et sera jetée en enfer.

Cela dit, il n’y a pas de contradiction entre ce hadith et le hadith dans lequel le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit : « Les cinq prières, le vendredi jusqu’au suivant et le Ramadân jusqu’auprochain expient ce qui est commis entre eux, si les grands péchés sont évités »(5) ; car le contenu de ce hadith est propre aux péchés mineurs qui sont expiées par les cinq prières quotidiennes, la prière du vendredi et le jeûne du Ramadân.

Quant aux textes susmentionnés, ils sont à caractère plus général que ce hadith, puisqu’ils comprennent égale­ment les péchés majeurs. En fait, il n’y a pas de mal à agir conformément aux « Textes généraux » et aux « Textes par­ticuliers » tel qu’il est établi dans les fondements de la jurisprudence.

Parmi également les œuvres expiatoires : faire le djihad pour la cause d’Allâh, être de bon conseil, recommander le bien, réprouver le mal, endurer ce qui nous arrive, aimer et détester en Allâh et faire le jeûne, la charité et les prières surérogatoires, ainsi que les autres œuvres pieuses.

Cela dit, l’accomplissement des œuvres pieuses de façon abondante est l’un des genres de repentir et de l’implora­tion du pardon d’Allâh. Pour cela, les œuvres pieuses sont liées au repentir dans plusieurs versets coraniques. Donc, il n’y a pas de contradiction entre l’obligation de se repentir et de demander le pardon et le fait que les bonnes œuvres expient les mauvaises actions, car le repentir et la demande du pardon se font par le cœur, la langue et les organes ; les bonnes œuvres en font partie. Pour cela, celui qui se passe de l’essence du repentir et de la demande du pardon et se limite à l’accomplissement des œuvres pieuses manque, certes, à ce devoir (celui du repentir et de la demande du pardon) ; de même, son cœur admet et croit à ce man­quement. Ceci est sans doute erroné, à la fois, en ce qui concerne la croyance et la pratique, et il compte parmi les péchés majeurs et constitue l’une des voies de la mécréance ; car il comprend la croyance en une partie de la religion et la mécréance en une autre. Cependant, il est cité dans le hadith : « Quiconque accomplit un acte [religieux] que nous n’avons pas ordonné le verra rejeté. »(6)

Aussi, le pénitent doit accomplir les bonnes œuvres proportionnellement aux mauvaises actions commises, et ne doit pas, par conséquent, délaisser ses obligations sous prétexte qu’il fait des œuvres expiatoires ; car l’absolution des péchés se fait par l’accomplissement des obligations ; sauf dans le cas où celles-ci ne soient plus maintenues, ou qu’il ne soit plus possible de les acquitter. Cependant, persister dans le délaissement des obligations et compter sur les œuvres pieuses pour absoudre le fait d’avoir abandonné les obligations sans apporter de bonnes œuvres équivalentes est, certes, le chemin des prétentieux, qui sont trompés par Satan au moyen de ses ruses pour les détourner de la voie des pieux.

IV- Le mal qui atteint le croyant :

Les afflictions que subit le croyant dans sa personne, ses biens et les siens comptent parmi les actes expiatoires, tel qu’il est souligné dans le hadith rapporté dans les deux Sahîh [d’Al-Boukhâri et de Mouslim] dans lequel le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit : « Pour toute maladie, souffrance, chagrin, peine, tristesse ou préjudice qui atteint un croyant, ne serait-ce qu’une épine qui le pique, Allâh lui en expie une partie de ses péchés. »(7)

Aussi, il est cité dans le hadith rapporté par Abou Hourayra رضي الله عنه que les musulmans ont été très affectés par la révélation du verset suivant :

﴿مَنْ يَعْمَلْ سُوءًا يُجْزَ بِهِ﴾ [النساء: 123].

Sens du verset :

Quiconque fait un mal sera rétribué pour cela﴿ [s. An-Nişâ’ (les Femmes) : v. 123]. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit alors : « Efforcez-vous d’être sur le droit chemin et rapprochez-vous du bien autant que possible ; toute infliction que subit le musulman, ne serait-ce qu’un trébuchement ou une épine qui le pique, Allâh expie ses péchés. »(8)

Il est – aussi – rapporté authentiquement qu’Ibn Mas‘oûdرضي الله عنه dit : « le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit :  Tout musulman qui subit une épreuve et l’endure, qu’il s’agisse d’une maladie ou autre, ses mauvaises actions seront effacées comme un arbre qui perd ses feuilles.  »(9)

Par ailleurs, la récompense est proportionnée à l’affliction et à la peine, car il a été rapporté que ‘Â’icha رضي الله عنها a dit : le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit : « Ta récompense est proportionnée à ta peine et à ta dépense. »(10)

Ainsi, nous trouvons dans les moyens d’expiation des péchés un espoir majeur en la grâce abondante d’Allâh. De plus, l’absolution des péchés suscite un grand espoir dans l’âme du musulman, l’incite à faire les bonnes œuvres et à délaisser les actions réprouvées, le pousse à accomplir les actes d’adoration sans négligence et l’habitue à agir en sachant qu’Allâh le regarde et sait ce qu’il fait et à de­mander compte à soi-même. Ces deux derniers attributs comptent parmi les moyens qui permettent de réformer l’âme et de la purifier. Et le fait que le musulman demande des comptes à soi-même, afin qu’il ait la ferme résolution qu’Allâh le regarde, constitue, certes, l’expression de la sou­mission de son être à Allâh citée dans le verset suivant :

﴿وَمَنْ يُسْلِمْ وَجْهَهُ إِلَى اللهِ وَهُوَ مُحْسِنٌ فَقَدِ اسْتَمْسَكَ بِالْعُرْوَةِ الْوُثْقَى وَإِلَى اللهِ عَاقِبَةُ الأُمُورِ﴾ [لقمان: 22].

Sens du verset :

Et quiconque soumet son être(11) à Allâh, tout en étant bienfaisant, s’accroche réellement à l’anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Allâh﴿ [s. Louqmâne : v. 22]

Aussi, Allâh عزّ وجلّ a-t-Il ordonné à la personne de faire un examen de conscience concernant ce qu’elle a avancé pour demain. Allâh عزّ وجلّ a dit :

﴿يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اتَّقُوا اللهَ وَلْتَنْظُرْ نَفْسٌ مَا قَدَّمَتْ لِغَدٍ وَاتَّقُوا اللهَ إِنَّ اللهَ خَبِيرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ﴾ [الحشر: 18].

Sens du verset :

Ô vous qui avez cru ! Craignez Allâh. Que chaque âme voit bien ce qu’elle a avancé pour demain. Et craignez Allâh, car Allâh est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites﴿ [s. Al-Hachr (l’Exode) : v. 18]

Ceci dit, le musulman doit s’efforcer de discipliner sa personne continuellement, afin que son âme s’apaise et devienne bonne, et pour qu’il soit digne de l’amour d’Allâh et de Sa satisfaction. Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿وَالَّذِينَ جَاهَدُوا فِينَا لَنَهْدِيَنَّهُمْ سُبُلَنَا وَإِنَّ اللهَ لَمَعَ الْمُحْسِنِينَ﴾ [العنكبوت: 69].

Sens du verset :

Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allâh est en vérité avec les bienfaisants﴿ [s. Al-‘Ankaboûte (l’Araignée) : v. 69]

Cela est, donc, la voie droite des pieuses personnes de cette communauté qui s’efforcent constamment de se faire expier les péchés au moyen du repentir et de la demande du pardon et par l’empressement à accomplir abondamment les œuvres pieuses. Ce sont, également, ceux qui se jugent eux-mêmes pour leur négligence, s’appliquent à se mettre sur la voie de la piété et s’interdisent le mal et la passion, conformément au verset dans lequel Allâh عزّ وجلّ dit :

﴿وَأَمَّا مَنْ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِ وَنَهَى النَّفْسَ عَنِ الْهَوَى. فَإِنَّ الْجَنَّةَ هِيَ الْمَأْوَى﴾ [النازعات: 40-41].

Sens du verset :

Et pour celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur, et préservé son âme de la passion, le Paradis sera alors son refuge﴿ [s. An-Nâzi‘ât (les Anges qui Arrachent les Âmes) : v. 40-41]

Notre dernière invocation est qu’Allâh, Seigneur des Mondes, soit loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.

 

Alger, le 20 de Radjab 1426 H,
correspondant au 25 aout 2005 G.

 



(1) Rapporté par : Mouslim (2749) et Ahmad (2/308), d’après Aboû Hourayra رضي الله عنه.

(2) Voir les définitions différentes, qui sont au nombre de vingt-trois, que les savants ont utilisées pour le repentir sincère, et ce, dans Tafsîr At-Tabarî (18/197-199).

(3) Rapporté par At-Tirmidhî (3540), d’après Anas ibn Mâlik رضي الله عنه. Ce hadith est jugé sahîh (authentique) par Al-Albânî dans As-Silsila As-Sahîha (1/249) et dans Sahîh At-Tirmidhî (455 (hadith 3540)).

(4) Rapporté par : Mouslim (2581), At-Tirmidhî (4/613) et Ahmad (2/303–372), d’après Aboû Hourayra رضي الله عنه.

(5) Rapporté par : Mouslim (233), Ahmad (400-414-484) et At-Tirmidhî (1/418), d’après Aboû Hourayra رضي الله عنه.

(6) Rapporté par Mouslim (1718), d’après ‘Â’icha رضي الله عنها.

(7) Rapporté par : Al-Boukhârî (10/103) et Mouslim (2573), d’après Aboû Hourayra رضي الله عنه.

(8) Rapporté par : Mouslim (2574) et At-Tirmidhî (5/247). Ce hadith est jugé sahîh (authentique) par Al-Albânî dans Sahîh At-Tirmidhî (3/266) et dans Takhrîdj At-Tahâwiyya (90).

(9) Rapporté par : Al-Boukhârî (5660) et Mouslim (2571), d’après Abd Allâh ibn Mas‘oûd رضي الله عنه.

(10) Rapporté par Ad-Dâraqoutnî (1762) Al-Hâkim dans Al-Moustarak (1733) et jugé sahîh (authentique) par Al-Albânî dans Sahîh At-Targhîb (2/1112) Sahîh Al-Djâmi‘ (2160).

(11) Être : signifie [littéralement] le visage. (NDT).