Le jugement relatif à l’accomplissement de la zakât sur les bijoux et la façon de l’acquitter | Le site officiel du Cheikh Mohamed Ali FERKOUS
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Vendredi 10 Chawwâl 1445 H - 19 avril 2024 G

Fatwa n° 532

Catégorie : fatwas de la zakat

Le jugement relatif à
l’accomplissement de la zakât sur les bijoux
et la façon de l’acquitter

Question :

La zakât sur les bijoux est-elle obligatoire ? Comment s’en acquitter : en espèces ou selon le poids (des bijoux) ?

Réponse :



Fatwa n° 532

Catégorie : Fatwas de la zakat

Le jugement relatif à l’accomplissement de la zakât
sur les bijoux et la façon de l’acquitter

Question :

La zakât sur les bijoux est-elle obligatoire ? Comment s’en acquitter : en espèces ou selon le poids (des bijoux) ?

Réponse :

La louange est à Allâh, le Seigneur des Mondes ; que les prières d’Allâh et Son salut soient pour celui qu’Allâh a envoyé comme miséricorde pour les créatures, ainsi que pour sa famille, ses Compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution. Cela dit :

Il n’y a aucune divergence entre les gens de science que les bijoux prohibés – c’est-à-dire ceux interdits à l’utilisation et fabriqués en or et en argent, comme les ustensiles en or ou en argent, les braseros (encensoirs), les cuillères ainsi que ceux acquis par l’homme et qui lui sont interdits par la Charia – il est obligatoire d’en acquitter la zakat.

Plutôt, la divergence se situe dans les bijoux en or et en argent portés par la femme. Parmi les causes (de cette divergence), il y a le fait que :

- certains prennent en considération la matière utilisée pour la fabrication de cette parure qui constitue le même métal pour lequel la zakât, par consensus, est obligatoire, (ceux qui sont de cet avis) optent pour l’obligation de la zakât (sur les bijoux) au même titre que sur l’argent liquide.

- Il y d’autres qui voient (ces bijoux) comme étant (des objets) de fabrication acquis pour leur utilisation afin de satisfaire certains besoins personnels, et non pas comme de l’argent destiné à être fructifié ou ayant la possibilité d’être fructifié ou des objets d’usage courant comme les meubles ou les vêtements qui ne font pas objet de la zakat, à l’unanimité des savants, sur cette base, qu’il n’y a as de zakât sur les bijoux.

Il apparaît que l’avis de ceux qui considèrent, en premier, la matière avec laquelle ont été fabriqués les bijoux, est prioritaire pour affirmer l’obligation de s’acquitter de la zakât (sur ces bijoux). En témoignent, les versets et les hadiths qui les englobent dans leur généralité et prescrivent la zakât (sur cela). (Parmi ces versets), celui dans lequel Allâh le Très Haut dit :

﴿يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ إِنَّ كَثِيرًا مِنَ الأَحْبَارِ وَالرُّهْبَانِ لَيَأْكُلُونَ أَمْوَالَ النَّاسِ بِالبَاطِلِ وَيَصُدُّونَ عَن سَبِيلِ اللهِ وَالَّذِينَ يَكْنِزُونَ الذَّهَبَ وَالفِضَّةَ وَلاَ يُنفِقُونَهَا فِي سَبِيلِ اللهِ فَبَشِّرْهُم بِعَذَابٍ أَلِيمٍ[التوبة: 34].

Sens du verset :

Ô vous qui croyez ! Beaucoup de rabbins et de moines dévorent les biens des gens illégalement et [leur] obstruent le sentier d’Allâh. A ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le sentier d’Allâh, annonce un châtiment douloureux.﴿ [At-Tawba (le Repentir) : 34]

Dans un hadith, le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم dit : «D’aucun parmi ceux possèdent de l’or et de l’argent et ne s’acquitte pas des droits [sur cela], viendra le Jour de la Résurrection avec des plaques faites du feu de l’Enfer où on le brûlera dans le feu de la Géhenne, et avec lesquelles son flanc, son front et son dos se cautériseront.»(1)
Les savants s’accordent à dire que le mot «trésor» cité dans les textes signifie tout ce qui fait objet de l’obligation de la zakât mais sans qu’elle en soit acquittée. Oum Salama
رضي الله عنها a dit : «Je portais des awdâh(2) en or et je demandai au Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم : ‘‘Est-ce un trésor ?’’ Il répondit : ‘‘La chose qui atteint [le seuil de la zakât (Nişâb)] et elle en est acquittée, n’est pas un trésor.’’»(3)

En conclusion, le Livre atteste et opte pour celui qui considère que la zakât (pour ces bijoux) est une obligation et les Athâr le renforcent, comme Al-Khattâbî l’a affirmé : « Il apparaît que le Livre atteste [la véracité de] l’avis de celui qui a obligé la zakât [des bijoux] et les Athâr le renforcent. Quant à celui qui a supprimé l’obligation [de la zakât des bijoux], s’est basé sur le raisonnement et sur quelques Athâr ; et il est plus précautionneux de s’en acquitter. »(4)

Ce qui est pris en compte dans la zakât (des bijoux) est le poids pour sa stabilité, et non sa valeur qui est fluctuante. Et du moment que nous estimons les bijoux comme étant un métal qu’Allâh a créé pour qu’il soit une monnaie (pour les gens) et un moyen dans les transactions entre eux, le seuil minimal dans la zakât de l’or est de vingt (20) dinars(5) équivalent à quatre-vingt-cinq grammes (85g) dont on déduit le quart du dixième : deux et demi (2,5%). Le seuil minimal de l’argent est, lui, de deux cents dirhams(6) équivalent à cinq cent quatre-vingt-quinze grammes (595g) dont on déduit le quart du dixième également.

Et le savoir est auprès d’Allâh ; nous concluons en disant : la louange est à Allâh, le Seigneur des Mondes, qu’Allâh prie et salue notre Prophète Muhammad, sa famille, ses Compagnons et ses frères jusqu’au Jour de la Rétribution.

Alger, le 21 de Radjab 1427H,
correspondant au 15 août 2006G.

 



(1) Rapporté par Mouslim (987), d’après Aboû Hourayra رضي الله عنه.

(2) Genre de bijoux en argent appelé ainsi pour sa blancheur (Cf. : Annihâya d’Ibn Kathîr : 5/196).

(3) Rapporté par Aboû Dâwoûd (1564) et considéré comme haşane par An-Nawawî dans Al-Madjmoû‘ (6/33). Al-Irâqî a dit dans Tarh At-Tathrîb (4/7) : «Sa chaîne de transmission est très bonne.» Al-Albânî a dit dans As-Silsila As-Sahîha (2/103) : «haşane (bon) ou sahîh (authentique).»

(4) Cf. : Ma‘âlim As-Sounane d’Al-Khattâbî (2/214).

(5) Dinar : monnaie d’or utilisée à l’époque du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم et qui est vient d’une ancienne monnaie romaine.

(6) Dirham : monnaie d’argent utilisée à l’époque du Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم et qui vient d’une ancienne monnaie grecque.